Elisabeth Brisson – revu le 8 avril 2022

Ecouter ses rêves … ou plus exactement porter attention à sa vie onirique … Serait-ce une manière de partir à la découverte de soi-même… ? Peut-être bien ! Et pour arriver au résultat souhaité, il suffit d’un peu de patience, de méthode et de confiance …

Tentons la démarche !

L’incitation qui m’a suggéré cette démarche, proposée ici sous forme rédigée, provient de ma longue expérience de séances d’analyse, ainsi que d’un article du Monde Diplomatique d’avril 2021 : « Longtemps, les Européens se sont éveillés après minuit – Le sommeil a une histoire ». Le rédacteur de l’article est auteur d’un ouvrage intitulé La Grande Transformation du sommeil. Comment la révolution industrielle a bouleversé nos nuits, Editions Amsterdam, Paris, 2021. Son propos est de montrer que l’usage de l’éclairage artificiel a modifié le temps de la nuit : jusqu’au XIXe siècle, le sommeil nocturne était coupé par une phase d’éveil, soit « un temps pour soi, embrumé de rêves, qui ouvrait une porte sur l’inconscient. » Ce « premier réveil était souvent caractérisé par deux aspects : des pensées confuses qui vont et viennent ‘comme bon leur semble’, associées à un sentiment de profonde satisfaction. » Et il développe l’idée que ce premier réveil assurait « un canal de communication entre les rêves et la vie éveillée, canal qui a été progressivement coupé par la compression et la consolidation de leur sommeil par les humains. »  Et il conclut l’article en spécifiant que « A la différence des sociétés non occidentales qui ont institutionnalisé leurs rêves, l’intelligence que nous avons de nos visions nocturnes a progressivement décru et, avec elle, la compréhension de nos pulsions et émotions les plus intimes. Il y a quelque ironie à ce que la technologie contemporaine, en transformant la nuit en jour, ait contribué à obstruer une des plus anciennes voies d’accès au psychisme humain, et ce alors même qu’elle permet d’explorer les tréfonds du cerveau. »

Ce moment nocturne, qui a disparu du fait d’un sommeil comprimé, est pourtant indispensable pour qu’un « rêve puisse acquérir sa structure à partir du chaos initial d’images désordonnées. » A partir du fatras incohérent, décousu… qui ne peut être appréhendé par la conscience que s’il trouve une certaine cohérence narrative, qui en constitue déjà une première « interprétation » visant à déjouer la censure !

Comment dans notre contexte actuel, dominé par les neurosciences investigatrices, quantitatives et impérialistes, redonner une place à la vie onirique profonde (pas les rêveries ni les récits séduisants de rêves) ? Comment valoriser ce que les « confuses paroles » produites par l’activité onirique, nous révèlent de ce qui se trame en nous à notre insu ? Donc, comment écouter, dialoguer avec ce que nous appelons nos rêves ? pour découvrir la dynamique qui entretient et projette la vie sans répit.

Les étapes conseillées

Dans un premier temps, il est indispensable de noter, donc de trouver les mots qui garderont le souvenir de ces manifestations oniriques intempestives, de ce qui vous est venu à l’esprit, ou simplement « dans la tête », de ce qui vous a réveillé en sueur … Hélas ! souvent, vous savez que vous avez rêvé, mais tout s’est évanoui ! impossible de transcrire en mots, même si votre acolyte vous a dit que vous avez parlé ! et même si vous vous souvenez d’avoir prononcé des propos certes incohérents, qui avaient du mal à sortir ! Pourtant, bien qu’impossible à traduire en mots, l’activité onirique s’est manifestée : comment « écouter » son mutisme ? Quelle attitude adopter ?

Tout d’abord, ne pas se crisper : se dire que le rêve ne pouvait pas passer la censure, car trop intime, trop à risques s’il parvenait à accéder à la conscience… ce qui signe son importance en réalité, et ce qui vous incite d’autant plus à associer instantanément mots, pensées, images, sur ce « silence », ces « limbes » (« lieu où vont les âmes des enfants morts sans baptême » ! donc morts nés) …

Parfois, par chance, il ne reste malgré tout qu’un mot ou que quelques bribes sonores. Il faut les noter, sans vouloir absolument en faire aussitôt un récit : le récit, soit le « contenu manifeste » du rêve – ce que Freud a mis en évidence dans son ouvrage Traumdeutung publié en 1900, avant de reprendre sa découverte dans ses ouvrages ultérieurs -, n’est en fait qu’un déguisement, une interprétation du « contenu latent » qui s’est mis en place pour passer la censure ! et trouver parfois un destinataire autre que la personne du rêveur …. Et qui sera séduit ou inquiété, voire intrigué…

Oui, contrairement à l’acception courante, le rêve n’est pas le récit, n’est pas une narration : on pourrait même dire que c’est l’envers de la narration. L’activité onirique laisse émerger des impressions sonores, visuelles, olfactives, des fulgurances mentales, de « confuses paroles », etc. qui sont autant d’occasions d’associer. Donc, il ne faut surtout pas se fier au contenu manifeste du rêve ! il n’est que trompeur, car il résulte d’un subtil filtrage que Freud a appelé « le travail du rêve » pour passer la « censure » : ne parvient sous forme reconnaissable que ce qui ne peut pas créer de déplaisir (sauf cas du cauchemar, où la violence de l’impression ne peut être contenue par la censure, ce qui réveille le dormeur paniqué). Les tactiques pour contourner cette censure sont variées ! Freud les a classées en trois catégories ! le déplacement (d’accent, de lieu, de personne, d’événement, etc.) ; la condensation (ou l’éparpillement d’événements) ; le renversement en son contraire (haut/bas, chaud/froid, jeune/vieux, fidèle/infidèle, etc.). La difficulté est qu’aucune logique ne préside à ce travail ; rien n’est prévisible ou déductible ! Tout ce qu’il est possible de supposer, c’est que plus le rêve est inaccessible ou plus il est incohérent, plus son contenu est compromettant, difficile à admettre, impossible à partager sans être rouge de honte…

Il n’est donc pas question de confondre contenu « manifeste » et contenu « latent ». Pourtant, ce n’est qu’à partir des mots, des situations manifestes que le « latent » a des chances de se faire entendre. Comment dans ces conditions acrobatiques procéder pour dévoiler ce qui se trame en vous à votre insu, agissant en toute impunité ?

Comment décrypter ?

Deux démarches peuvent être mises en œuvre parallèlement (elles ne sont pas exclusives l’une de l’autre) :

  • Associer spontanément avec ce qui vous vient à l’esprit au moment où vous transcrivez les mots du rêve.
  • Prêter attention aux figures de style que sont la métaphore et la métonymie, car les termes utilisés tout comme les associations traduisent autre chose à la manière des figures d’un rébus (qui, par exemple, évoquent une phrase par le son d’une lettre, par un chiffre, par un dessin, une syllabe, etc. – le Larousse de poche donne le rébus proposé par Voltaire : « Ga » soit G grand a petit = j’ai grand appétit).
  •  Repérer la polysémie car un même mot peut avoir plusieurs significations dans le récit du rêve.

Ensuite, ou plutôt là encore parallèlement, il est utile de prendre en compte les différentes modalités d’apparition, de surgissement et de présence de l’activité onirique :

  • Il ne reste aucune « accroche », mais la certitude d’avoir « rêvé ».
  • Emergent quelques bribes de mots, de situations, d’impressions possible à nommer.
  • S’imposent des « scènes » qui n’attendent qu’à être décrites.
  • Parade un beau récit, séduisant, insolite, qui donne un grand sentiment de satisfaction … Par exemple, j’imagine en l’occurrence ce récit qui pourrait être celui d’un rêve : « je me promène avec mon père et ma mère le long d’un fleuve et tout d’un coup je vois un poisson sauter hors de l’eau et retomber sur l’herbe pour se transformer en prince charmant… » (en écrivant ceci, qui en réalité n’a pas été un rêve, je me rends compte que je suis amenée à associer avec le livre d’Aharon Appelfeld Mon père et ma mère[1], donc avec sa capacité à parler à ses parents disparus, à faire œuvre d’écrivain, ce que je souhaite tellement également atteindre). Si ce récit était celui d’un rêve vraiment rêvé, on pourrait associer avec la littérature (romans, contes de fée) et avec la notion de métamorphose souvent ardemment désirée, ainsi qu’avec l’attente d’effets surprenants (aimer être surpris par une apparition, par quelque chose d’imprévu qui surgit brusquement).

Sont également à prendre en compte les types de récits de rêve, qui sont le plus souvent des déguisements acceptables pour l’environnement social, et possibles à partager (une façon de se faire écouter en se racontant) et qu’il ne faut donc pas prendre au pied de la lettre, car ça dit toujours autre chose ! et autre chose d’on ne peut plus personnel !

  • Les rêves récurrents (qui reviennent souvent chez un même rêveur ou chez plusieurs) : être en retard ; passer son bac ; rater un train ou un avion ; oublier d’avoir pris ses médicaments …
  • Les rêves occasionnels mais qui paraissent familiers : on éprouve une grande satisfaction à « s’y retrouver ».
  • Les rêves qui vous surprennent et vous semblent totalement étrangers (se trouver dans un lieu inconnu, avec des inconnus, etc.).

Les invariants d’un récit de rêve

Enfin, il est indispensable de rappeler quelques constantes mises en évidence par Freud.

  • Tout rêve réalise un désir du rêveur. Et quel que soit le personnage, ou la figure qui émerge dans le récit du rêve (même un animal), il ne s’agit jamais que de l’ego du rêveur (que ce soit sa mère ou son chat, en fait ce ne sont que des « déplacements » de la figure du rêveur pour troubler l’interprétation…).
  • En aucun cas un récit de rêve ne doit être entendu comme une prophétie : l’inconscient ignore le temps et encore plus l’avenir – ça se passe avec ce qui se trouve dans l’inconscient. L’activité onirique est portée par la dynamique du « désir », moteur de la vitalité, et joue avec les éléments passés comme avec ceux vécus directement, imaginés, vécus par procuration au cours des générations antérieures …

Dernière mise en garde

Il ne faut jamais interpréter le récit de rêve d’un autre ! surtout sous l’angle de la prophétie : cela peut entraîner des conséquences très graves, car la personne s’arrange inconsciemment pour que la prophétie se réalise.

Donc le récit du rêve ne peut être interprété que par le rêveur, parfois certes poussé dans ses retranchements par le médiateur qu’est le psychanalyste. Et le récit du rêve est destiné à celui auquel il est raconté : c’est une façon de s’adresser à une personne en particulier, par-delà les modalités habituelles des échanges, de la communication. Mais le plus souvent la seule personne concernée est celle du rêveur.

Quelques bribes d’exemples pour mettre sur la voie …

Après tous ces rappels (familiers pour les lecteurs de Freud, de Lacan ou de Jean-Pierre Winter)[2] et toutes ces mises en garde, il s’agit de savoir comment découvrir par l’activité onirique l’inconnu qu’il y a en chacun de nous ? Cette source de vie, cette puissance de notre « désir ». N’oublions pas « Je est un autre » de Rimbaud. C’est évidemment une démarche qui ne peut qu’être personnelle… et incessante, sans point temporel de clôture… On n’en a jamais fini avec les productions de l’inconscient, comme avec les rebondissements de ce qui a été refoulé, plus ou moins efficacement…

Pour faciliter cette aventure, quelques exemples peuvent servir à faire comprendre la démarche possible :  ainsi je vous propose quelques bribes qui me paraissant significatives, en gardant toujours à l’esprit que les « transcriptions » de ce que nous appelons « rêves », donc de cette activité psychique involontaire (émergence de l’inconscient), prennent toutes sortes de formes, de chemins, de figures de style, de stratégie de diversion, de modalités de perturbations (éclats multiples). Il n’y a qu’incohérence. Aucune logique apparente, aucune rationalité évidente, tout n’est que bribes, suggestions, fausses pistes…. Il faut beaucoup de doigté pour reconstituer le contenu latent (toutefois « l’ombilic du rêve » comme dit Freud est radicalement inaccessible : il y aura toujours de l’impensé, de l’impensable !) ; il est possible de garder espoir dans l’investigation car tous ces éléments hétérogènes s’éclairent le plus souvent les uns les autres : c’est une enquête qui relève de la technique du détective tel Sherlock Holm ….

/ « 14h30 » : exemple de déplacement et de condensation

Dans le récit de mon rêve, j’ai un rendez-vous à 14h30. Que puis-je associer à ce « 14h30 » ? Je n’ai pas de rendez-vous occasionnel ou habituel à cette heure… Alors je me demande ce que peut véhiculer « 14 » … Il se trouve qu’un de mes petits-fils vient d’avoir 14 ans, âge de la Bar mitsva : quand j’ai évoqué cette cérémonie, il ne savait pas ce que cela signifiait ; je lui ai expliqué que c’était l’âge du rite de passage de l’enfance à l’adolescence… Je me dis en pensant à ce récit de rêve que pour les filles ce passage se marque par l’arrivée des règles… je crois que pour moi ça été vers 14 ans et demi (14h30). Le rêve pointe donc ce passage et sans doute la crise d’adolescence et l’aspiration à l’émancipation, à la découverte de soi… Il faudrait mettre en rapport avec d’autres bribes du rêve de cette nuit-là… pour savoir plus de quoi il s’agit, quel désir d’émancipation s’exprime là.

/ Une image de « land art », celle d’un serpentin lumineux : exemple de déplacement, de retournement dans le contraire

Donc un vaste paysage portant la manifestation de la créativité humaine par une « installation artistique ». D’où peut provenir cette image ? comme la veille j’avais vu un documentaire sur Palmyre vu d’avion ou de drone, sur le thème des figures funéraires, il m’a paru évident que ce « land art » était un déplacement pour « l’art funéraire » et donc la communication avec les morts – ce qu’Appelfeld (dont je suis en train de lire les romans) fait à merveille : il nourrit son écriture des rapports avec ses parents disparus. Dans le rêve, le serpentin lumineux masque ou révèle une question sexuelle : celle que les enfants se posent à propos de leurs parents. Ce rêve indique sans doute le désir de savoir comment les parents font les enfants…

/ Une substitution de terme, de verbe – « repentir » au lieu de « retenir » : exemple de déplacement, de condensation et de polysémie

Dans quel sens va le déplacement ? je me repends de ne pas avoir su me retenir ? Mais le repentir appartient en propre aux artistes qui reprennent une œuvre, un geste, une position du bras, de la main : seul l’examen scientifique permet de déceler ce « repentir », qui consiste donc à corriger pour atteindre au plus beau, au meilleur (selon l’expression de Beethoven). Sous ce qui est visible, sous ce que l’on entend, il y avait autre chose qui n’a pas été retenu, mais qui demeure camouflé, et qui était l’état premier, primitif.

La polysémie joue donc : masquer un geste premier et se repentir de n’avoir pas retenu ce geste. J’aurais dû me retenir au lieu de passer aux actes aux conséquences dramatiques, inéluctables, ineffaçables….

/ Prononcer péniblement des phrases incompréhensibles : exemple de brouillage de pistes

Cette manifestation de l’activité onirique fréquente est certainement une façon de mettre en acte une expérience familière : l’impossibilité de se faire comprendre, d’échanger, ce qui, si cela se répète plusieurs fois par jour, finit par lasser et par amener la personne à renoncer à parler…

C’est sans doute une façon de faire comprendre que c’est pénible de ne pas être entendue, de ne pas être comprise…

/ Un cas de renversement dans son contraire

Etaler un produit noir pour s’épiler les jambes. Cette référence à un produit noir provient du dentifrice charbon « ardent » pour blanchir les dents ! Ce noir est le contraire du blanc ! Blanc, blanchir, pardonner, effacer une faute… d’autant que je joins toujours « ardent » au lieu de « actif » au nom du dentifrice qui est « charbon actif », ce qui oriente la réflexion du côté sexuel qui pourrait être de l’ordre de la masturbation ou de l’ordre d’un abus sexuel (gestes déplacés d’un adulte, incestueux ou pédophile) … Comment le passé est toujours présent…

/ Un cas de jeu de mots par l’intermédiaire de sonorités

A partir d’un rêve qui évoque un « gisant » (peu importe par quel biais) et qui cite le terme de « Unilever », les associations mènent au récit de la résurrection de « Lazare » et au rôle du « hasard » à prendre en compte dans le déroulement d’une vie – ou comment être confronté, comment affronter, dépasser l’impossible sans pour autant se trouver dans le déni du réel (différence des sexes, des âges, mort inéluctable, blessure irréparable, handicap).

/ Un cas de geste fugitif, d’image fugitive comme moyen de déplacement

‘’Chassé, sort par la fenêtre et entre par la porte’’. L’association se fait sur Peter Pan et ce qu’il représente comme déplacement des relations de haine qui existent entre parents et enfants, des parents pour les enfants.

/ Comment situer une scène ? Exemple d’éparpillement (l’inverse de la condensation)

Certains rêves accumulent les indices, de manière dispersée et fantaisiste, telles les pièces d’un puzzle à reconstituer, pour situer : ainsi dans un rêve « la rue des Ecoles » est indiquée par le lavabo dans la chambre, par la présence de l’Algérie de manière très « déplacée » (nous habitions dans la « Maison du Maroc »), de ma fratrie par déplacement également, par l’allusion à des étages… Une insistance qui cherche à rendre visible le lieu de la scène derrière sa présentation on ne peut plus énigmatique !

Mais également parfois il y a des éclats dispersés dans l’espace et le temps du rêve, mélangés à des éclats d’objets, de matières, de composants hétérogènes : ce qui est une façon de tromper et d’empêcher une reconstitution trop précise du lieu, du moment, des personnes… La marque d’une censure bien à l’œuvre !

/ La métonymie (la partie pour le tout)

Rêver de « pilule » peut signifier « avaler la pilule », soit digérer, encaisser une humiliation, sans doute écrasante depuis l’enfance, surtout quand dans le rêve il s’agit de donner un cachet de doliprane à un enfant qui souffre….

/ Métaphore et métonymie

Un rêve avec deux verres de lait ! le lait est la métonymie de la maternité et de la naissance, mais c’est aussi la métaphore du lien avec la mère et avec la mort, à partir de la sonorité « laid » …

Autre exemple : si dans le récit du rêve émergent les deux domaines, les deux disciplines, que sont l’histoire et la sociologie, il s’agit de l’évocation de l’extérieur et de l’intérieur, donc du monde et de l’intime.

/ Des marqueurs d’événements, de personnes : autre exemple de métonymie

Dans mon récit de rêve, des violonistes qui passent en marchant sont des marqueurs des spectacles du Centre de musique de chambre, menant sur le retour du refoulé… véhiculé par la musique …

Ou la référence au prénom Matthias et au chiffre 14 – dans mon cas, ça transporte au temps de l’adolescence (règles, poitrine, honte de son corps qui se transforme, émois amoureux).

/ Présence d’un événement historique : exemple de déplacement et de métaphore

Par exemple, il s’agit de faire un cours sur Israël et la Palestine juste au moment où la région s’embrase ! L’événement fonctionne donc comme une métaphore : dans ce cas, métaphore de conflits (intrapsychiques, intra-familiaux) insolubles …. Cela semble mettre sur la voie d’une solution : adopter une mise en perspective historique pour repérer l’origine du conflit, ses enjeux, ses métamorphoses, les raisons de sa permanence et de l’impossibilité de trouver une solution tant les acteurs ne « carburent » qu’à cette substance qu’est la haine ! Car, comme le dit Patrick Boucheron, « l’histoire c’est un appel au calme », « c’est un métier : étudier les archives, les sources, les résurgences – se poser des questions » – « faire le pari de l’étrangeté et non le parti de l’étranger ! »

/ Les injonctions inconscientes qui vous mènent par le bout du nez

Elles se manifestent dans les impensés véhiculés par l’activité onirique, qui apparaissent à la suite d’un travail d’associations à l’image du déchiffrement d’un palimpseste qui conserve les traces de tout ce qui a été écrit sur la page.

***

S’amuser à décrypter les récits faits de nos propres rêves est une voie royale pour découvrir la Vie qui nous anime et qui atteste la puissance de notre « désir ». Ce qui invite, incite à prendre en compte la force de ce « désir », à accepter son caractère impérieux, à reconnaître sa pression et le fait qu’il ne renonce jamais, étant bien conscient que l’injonction lacanienne « Ne jamais céder sur son désir » ne signifie pas refuser la Loi portée depuis la nuit des temps par la « la voix du père »[3], cette musique sans paroles qui sous-tend et transmet la Vie : « la voix du père ne porte pas que la loi, elle porte en même temps son désir, la puissance de désirer » rappelle Jean-Pierre Winter qui souligne que « nous sommes divisés entre le désir et la loi, mais ne cessons de les faire passer l’un pour l’autre. Les désirs inconscients parfois l’emportent d’autant mieux qu’ils savent se déguiser en loi, particulièrement quand le caractère est dominé par des défenses massives. »[4]

La familiarité avec les « mensonges » de votre vie onirique vous permettrait peut-être de ne plus confondre « désir » et « loi », de démasquer ces récits qui portent votre vérité en les décryptant pour votre plus grande satisfaction (consciente et inconsciente).


[1] Roman de 2013, Editions de l’Olivier pour l’édition en langue française, 2020.

[2] Consulter leur bibliographie sur Internet.

[3] Lire sur ce sujet l’ouvrage de Jean-Pierre Winter, L’avenir du père / Réinventer sa place ? Albin Michel, 2019, en particulier le chapitre 8 intitulé « La voix du père » pp.141-150.

[4] Id., p.148 et 149.